L’électrochimiothérapie en médecine humaine

Un groupe de spécialistes situé dans quatre centres médicaux – l’Université de Copenhague (l’Hôpital Herlev à Herlev au Danemark), l’Institut d’Oncologie (Ljubljana, Slovénie), l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, France) et le Centre de Recherche sur le Cancer de Cork (Cork, Irlande) – ont développé des procédures opérationnelles standards pour l’utilisation de l’électrochimiothérapie (ECT) sur les humains, appelées ESOPE (European Standard Operating Procedures for Electrochemotherapy).

Le NICE (National Institute for Health and Care Excellence) au Royaume-Uni, recommande de traiter les carcinomes basocellulaires et les carcinomes épidermoïdes primaires avec l’ECT.

À ce jour, plus de 180 cliniques humaines proposent l’ECT.

Quand est-ce que l’ECT est utilisée ?

La principale utilisation de l’ECT est le traitement curatif des nodules tumoraux cutanés et sous-cutanés, quand d’autres méthodes, telles que la radiothérapie, la chimiothérapie, ou la chirurgie, ne sont pas efficaces ou adaptées.

Avantages

Une injection directe des molécules thérapeutiques dans les cellules est la méthode la plus simple pour délivrer des médicaments. Depuis plus de 10 ans, le développement de méthodes ciblant les tumeurs ou la diffusion du médicament dans le traitement des cancers est devenu important dans la recherche biomédicale, afin d’augmenter les effets bénéfiques des médicaments et réduire les effets négatifs.

Depuis 25 ans, l’électroporation a prouvé son efficacité et sa sécurité pour l’envoi d’acides nucléiques (ADN plasmide, pARNi, ADN antisens), protéines (anticorps) et médicaments anti-tumeur (cisplatine, bléomycine) à travers la membrane plasmique.

Principaux avantages

  • Amélioration de la qualité de vie des patients, indépendamment de l’espérance de vie
  • Guérison des tumeurs douloureuses ou saignantes
  • Amélioration des résultats esthétiques
  • Préservation de la fonction des organes
  • Possibilité de guérir des lésions isolées

Contre-indications

Selon les procédures ESOPE, les seules conditions pour lesquelles le traitement par ECT est interdit sont lorsque les fonctions du rein sont réduites, et/ou une arythmie cardiaque, ou encore la présence d’un pacemaker lorsque les lésions sont situées à la poitrine.

De plus, une précédente exposition à la bléomycine (plus que la dose maximale recommandée), ainsi qu’une fibrose pulmonaire interdit l’utilisation de la bléomycine.

Taux de succès

En général, la réponse au traitement par ECT est efficace sur les humains pour les cas de cancers du sein, des voies aérodigestives supérieures, du rein, la maladie de Kaposi, les chondrosarcomes et les carcinomes basocellulaires.

Une révision systématique des résultats publiés depuis 1993 (1 894 tumeurs en tout) a été réalisée par Professeur Miklavčič en 2013. Après une séance d’ECT, l’efficacité est estimée à 84,1% de réponse objective, dont 59,4% de réponse complète, indépendamment du type de tumeurs. Ces résultats ont été comparés avec l’administration de chimiothérapie à agent unique, qui montra un taux de réponse objective de 19,9%. Cette étude montrait également qu’il n’y a pas de différence significative entre les injections intratumorales de bléomycine et celles de cisplatine (comme déjà démontré dans le rapport ESOPE). Le traitement par ECT semple efficace sur les tumeurs autres que les mélanomes (86,4% de réponse objective contre 80,6% pour les mélanomes). De même, l’ECT semple plus efficace sur les sarcomes que sur les carcinomes.

La réponse au traitement dépend de la taille de la tumeur. Dans une étude italienne de 2009 (LG Campana) sur 52 patients, 66% ont obtenu une réponse complète pour les tumeurs inférieures à 1,5 cm, 36% pour les tumeurs mesurant entre 1,6 et 3 cm et 28% si elles mesuraient plus de 3 cm. Ces résultats montrent donc que plus la tumeur est petite, meilleure est la réponse.

Les effets secondaires observés chez les humains

Des contractions musculaires interviennent lors de l’application du champ électrique. Cette contraction est localisée, résultant en une sensation de choc et s’arrête à la fin des impulsions.

Cette contraction est plus intense lorsque la tumeur est située sur ou à proximité du plexus nerveux. Selon une étude (Mir, 2006), 93% des personnes ayant déjà été traitées par ECT accepte un nouveau traitement, s’il est considéré comme nécessaire.

Aucun effet secondaire grave lié à l’ECT n’a été décrit. La douleur après le traitement est considérée comme « modérée » par les patients.

Cependant, des effets mineurs immédiats ont été observés, telle qu’une irritation et une sensation déplaisante ou douloureuse associée aux contractions musculaires qui atteignent les alentours des électrodes, diminuant immédiatement après l’anesthésie locale.

De plus, des effets secondaires plus tardifs peuvent apparaître durant la nécrose de la tumeur. De l’œdème et érythème guéris en 24 heures ont été observés (Mir 1998). Une croûte persistante de deux à quatre semaines peut également apparaître. Tous ces effets secondaires sont localisés, temporaires, minimes et bien tolérés par les patients. L’ECT ne nécessite pas une nuit d’hospitalisation.

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