Comment traiter un sarcoïde ?

Qu’est-ce qu’un sarcoïde ?

Les sarcoïdes, ces lésions locales souvent apparentées à des verrues, sont les tumeurs cutanées bénignes (non cancéreuses) les plus fréquentes (35 à 90%) chez les équidés. Les papillomavirus bovins en sont principalement la cause, se développant sur les chevaux, les poneys, les ânes et les zèbres, âgés de 1 à 7 ans, qui sont au contact ou à proximité du virus. Cependant, les chevaux en écurie peuvent également être touchés, d’autres facteurs entrant en compte, tels que les facteurs génétiques : certaines races étant plus atteintes que d’autres, les Quarter Horse seraient deux fois plus susceptibles d’avoir des tumeurs que les Pur-Sang. De plus, les hongres ont plus tendance à en développer que les étalons ou les juments, dû au traumatisme de la castration.

Les sarcoïdes se manifestent de manière spontanée ou suite à des plaies, des cicatrices, des morsures ou des piqures pouvant favoriser leurs apparitions. Le jeune cheval pourra avoir tendance à développer une tumeur unique se multipliant avec l’âge.

Conséquences des sarcoïdes pour un cheval

Même si cette maladie équine ne représente pas de danger pour la vie de l’animal, les conséquences, non douloureuses mais cependant esthétiques, peuvent entraîner une incapacité d’utilisation du cheval de par leur localisation fréquente au passage de la sangle ou de la bride provoquant ainsi une irritation. D’une manière générale, les sarcoïdes se situent principalement sur les membres à 50% et à 32% sur la tête et l’encolure.

Comment diagnostiquer un sarcoïde ?

Celui-ci repose principalement sur l’observation, cependant une histopathologie ainsi que la réalisation d’une biopsie sont également nécessaires pour confirmer l’examen réalisé précédemment.

Les différents types de sarcoïdes

On dénombre environ 5 formes de sarcoïdes :

Occultes : plats, observés sur des zones sans poil, croûteuses et squameuses, où la peau est épaissie et hyperpigmentée.

Verruqueux : similaires à une grosse verrue.

Fibroblastiques : masses charnues exubérantes, le plus souvent dus à une plaie ou un sarcoïde d’un autre type qui a subi un traumatisme.

Nodulaires : gonflements sous-cutanés fermes et délimités.

Mixtes : stade intermédiaire entre les 2 autres types présentés ci-dessus.

L’électrochimiothérapie, un traitement efficace pour les tumeurs cutanées

De nombreux moyens thérapeutiques existent afin de pallier ce problème récurrent : chirurgie, immunothérapie, chimiothérapie, radiothérapie, cryothérapie, … En revanche, à cause de son taux de récidive d’environ 50%, cette tumeur reste un réel fléau pour le vétérinaire.

Cependant, un seul traitement se révèle être efficace dans cette lutte récidivante contre les sarcoïdes, les mélanomes, les fibrosarcomes et les carcinomes épidermoïdes : l’électrochimiothérapie, une technique validée entre autres, par l’étude rétrospective du Professeur Tamzali de l’École Vétérinaire de Toulouse (EVJ, 2011) et celle de la Professeure Tozon de l’École Vétérinaire de Ljubljana (Veterinary Record, 2016). Professeur Tamzali a traité 194 sarcoïdes : 80 verruqueux, 35 fibroblastiques, 34 de formes mixtes, 30 nodulaires et 15 occultes, présents sur 48 équidés avec une efficacité de 99,5% par tumeur sur une période de 4 ans sans récidive. Quant à Professeure Tozon, elle a traité 52 sarcoïdes : 27 mixtes, 14 fibroblastiques, 9 verruqueux et 2 nodulaire, et présents sur 32 équidés, avec une efficacité par tumeur de 92,3%.

Cette thérapie, réalisée sous anesthésie générale, est la combinaison de la chimiothérapie (injection intra-tumorale de produits anti-cancéreux) et l’application de brèves mais intenses impulsions électriques sur l’ensemble de la lésion. Le champ électrique produit permet ainsi d’augmenter la perméabilité temporaire des parois cellulaires et donc de multiplier par 70 le taux de pénétration et d’accumulation du médicament cytotoxique (Cisplatine, Carboplatine et Bléomycine) à l’intérieur des cellules cibles. Suivant la taille et l’infiltration de la tumeur, une à quatre séances sont nécessaires avec deux semaines d’intervalle. Aucun effet secondaire n’a été observé, des contractions musculaires sans conséquences peuvent se produire lors des impulsions électriques.

Quels sont les autres moyens thérapeutiques possibles pour traiter un sarcoïde ?

Les autres traitements sont :

  • L’exérèse chirurgicale simple : ablation de la tumeur.
  • La cryochirurgie : brûlure par le froid du tissu tumoral.
  • La laserthérapie : évaporation des tissus tumoraux lésés.
  • L’hyperthermie : élévation de la température dans les tissus.
  • La radiothérapie : destruction des cellules tumorales par ionisation.
  • La ligature : sècheresse de la nécrose avec la mise en place de petits élastiques en lycra à la base du sarcoïde entraînant sa chute.
  • La photothérapie : destruction tissulaire provoquée par une substance photosensible activée par exposition à la lumière.
  • L’immunothérapie : destruction des cellules tumorales par les cellules immunitaires créées suite à l’injection de substance antimitotique, ou du vaccin humain du BCG directement dans la tumeur.
  • La chimiothérapie locale : Mort des cellules tumorales due à l’application des produits antinéoplasiques à la surface des tumeurs qui empêchent la biosynthèse d’ADN et d’ARN, ou reproduction des cellules impossible avec l’injection de produits antimitotiques.
  • Les thérapies complémentaires : phytothérapie, homéopathie, …

Voici une comparaison de l’électrochimiothérapie et des principaux traitements médicaux possibles :

ThérapiesAvantagesInconvénients
L’électrochimiothérapie- Technique simple et rapide
- Pas de formation préalable
- Sans récidive à 4 ans
- Sans effets secondaires
- Anesthésie générale nécessaire à chaque séance (2,8 +/- 1,3 par tumeur et 3,6 +/- 2,1 par cheval)
L’exérèse chirurgicale simple- Peu onéreux- Récidivité dans les 6 mois
- Impossible sur les paupières, le fourreau ou le pénis
- Saignements fréquents
La cryochirurgie- Taux de réussite : 80%
- Chevaux peuvent être traités debout sous sédation
- Pas possible sur les joues et près des articulations
- Cicatrisation longue
- Taux de récurrence de 91% en région périorbitaire
- Difficile à réaliser
- Habitude nécessaire
La laserthérapie- Taux de récurrence entre 29 et 38%
- Peu d’œdème, de douleur et d’hyper granulation
- Processus de cicatrisation long
- Équipement onéreux
- Formation nécessaire
La radiothérapie- Résultats satisfaisants- Coût très élevé
- Législation contraignante sur les substances radioactives
- Formation nécessaire
La ligature- Pas besoin d’anesthésie
- Bons résultats
- Uniquement sarcoïdes nodulaires ou fibroblastiques
- Risques infectieux
- Croissance tumorale possible
- Fréquentes récidives
La photothérapie- Excellent cosmetic results- Tumeurs toujours présentes
L’immunothérapie- Abordable
- Facile à mettre en place
- Taux de réussite de 100% pour les sarcoïdes péri-oculaires
- 20 à 60% de réussite pour les autres sarcoïdes
- Résultats variables
- Sévères réactions inflammatoires possibles
- Choc anaphylactique possible pouvant entraîner la mort de l’animal
La chimiothérapie locale- Peu de récidive- Utilisation réglementée

Conclusion

La plupart des vétérinaires rencontrant des sarcoïdes se disent frustrés face à leur incapacité à traiter ces tumeurs de manière définitive. En revanche, ceux ayant testé l’électrochimiothérapie recommandent cette thérapie plutôt qu’une autre, telle que la Clinique de Grosbois : http://www.cliniqueveterinairegrosbois.fr/specialites/chirurgie/traitement-chirurgical-des-sarcoides/ et la Clinique Vétérinaire Équine d’Argonay : http://www.cliniqueequineargonay.fr/services/gestion-des-sarcoides-equins-l-electrochimiotherapie-5910

LEROY Biotech tient à remercier chaleureusement Dr. John Schumacher, Dr. Ilaria Marano et Dr. Mathilde Leclère pour nous avoir envoyé les photos de sarcoïdes.